La Macédoine ferme ses portes

 Alors que l’Europe est au bord de la crise humanitaire, 12 000 migrants sont bloqués début mars 2016, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine

Crédit: Samuel Fromhold/Matuvu'

Réfugiés bloqués au poste-frontière d'Idomeni entre la Grèce et la Macédoine

Parti de Suisse, je retrouve le journaliste à Athènes. Le lendemain matin, nous quittons la capitale pour Thessalonique. De là, nous rejoignons Idomeni. Durant le voyage en taxi à travers le nord de la Grèce, cette triste réalité dont les migrants sont victimes, nous éclate en plein visage.  Je regarde par la fenêtre et vois des colonnes humaines traversant les champs à pied, afin de rejoindre la frontière. Nous sommes alors stoppés, le chauffeur de taxi n'ira pas plus loin. La frontière vient d'être fermée, nous atteindrons le camp des migrants, les accompagnant.

Après quelques images prises dans un camp plus que rudimentaire, je laisse le journaliste à son interview et me dirige seul en direction de la frontière. Plus je m'approche de la zone de barrage de la police et de l'armée, plus il y a de monde et de cris. Bon nombre d'entre eux brandissent des pancartes exprimant leur souhait de ne pas mourir. Il y a bien plusieurs organisations humanitaires qui leur fournissent nourriture et soins, mais les heures dans la file d'attente interminable peuvent en décourager plus d'un. Lors de mon arrivée, ils sont 12'000 migrants à être bloqués à la frontière de la Macédoine. Le lendemain, ils sont déjà 22'000, avec la peur au ventre, la tristesse dans le cœur, et la détresse dans les yeux. Des familles déchirées cherchant à sauver leur vie mais en gardant, malgré tout, l'espoir de passer la frontière. Ils ont tout quitté, surtout les bombes, tout vendu afin de pouvoir payer les passeurs pour un monde meilleur, en risquant leur vie sur les eaux. Il est hors de question pour eux de faire marche arrière. Leur seul choix est de rester ou de passer.

 

 

 

 

 

Texte et photos: Samuel Fromhold/Matuvu'